Un mois très particulier avec des gagnants (NVIDIA, le luxe français, Manchester City) et des perdants (le Réal Madrid, le Private Equity, tous les banques régionales américaines)
Justement, la prochaine conférence FIS aura lieu le 7 Juin 2023 à 13h00 et aura pour thème « Crise Bancaire, Inflation et Resserrement Monétaire : les nouveaux modèles de 2023 ».
Nous vous y attendons très nombreux.
The Mile High Club
Une hausse historique
D’abord il y a eu l’électronique, puis les voitures, c’est maintenant au tour de l’intelligence artificielle de faire entrer les semi-conducteurs dans une nouvelle phase stratosphérique.
Aux états unis, les récentes ruptures de la chaîne d’approvisionnement liées aux pandémies et les préoccupations en matière de sécurité nationale ont mis en lumière la nécessité d’augmenter la capacité des puces et, en particulier, la production nationale.
Ainsi, ce jeudi le géant des puces Nvidia a étonné les analystes et les investisseurs en prévoyant un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars pour son deuxième trimestre fiscal allant jusqu’à juillet, ce qui a fait grimper son action de plus de 24 % aujourd’hui.
En une seule séance, la capitalisation boursière de Nvidia est passée de 755 milliards de dollars à 939 milliards de dollars, soit 184 milliards de dollars. C’est ainsi la plus grosse performance d’une action dans l’histoire de la bourse américaine puisque la valeur de marché a ainsi gagné en une séance 198 milliards de dollars : c’est-à-dire la valeur boursière de Hermès ou … de 10 Société Générale. En 1 jour !
En un mot, après la publication de ces prévisions unanimement jugées remarquables par les observateurs pour le secteur de l’intelligence artificielle, l’action de Nvidia a augmenté de 24 % aujourd’hui puisque le cours de bourse a été propulsé d’environ 80 dollars en une journée et la capitalisation boursière totale de la société a presque atteint le Mile High Club , le cercle très privé des sociétés à 1 000 milliards de dollars, en compagnie de Apple, Microsoft, Saudi Aramco, Alphabet et Amazon.
Mais, même avant la publication des derniers résultats, Nvidia était l’action la plus performante du S&P 500, avec un gain de 109 % en 2023.
Aujourd’hui, si l’on tient compte du mouvement de Jeudi, elle a progressé d’environ 160 % et cette progression année a catapulté l’entreprise dans le top 5 du S&P 500 – elle est désormais la cinquième plus grande entreprise de l’indice, en termes de capitalisation boursière.
La valeur de marché de Nvidia dépasse désormais les géants du marché tels que Berkshire Hathaway (700 milliards de dollars), Meta (639 milliards de dollars) et Tesla (580 milliards de dollars).
Car les entreprises s’empressent de commander des puces pour alimenter leurs ambitions en matière d’IA générative, après que le lancement de ChatGPT par Open AI a mis Wall Street en ébullition. Il s’agit de l’exemple le plus marquant à ce jour de l’ivresse des investisseurs pour l’intelligence artificielle.
Lors de la conférence téléphonique sur les résultats du premier trimestre, la directrice financière Colette Kress a souligné que le concepteur et fabricant de processeurs graphiques prévoyait une expansion gigantesque à mesure que les centres de données adopteraient inévitablement ses produits intégrant l’IA.
“L’IA générative entraîne une croissance exponentielle des besoins en calcul et une transition rapide vers l’informatique accélérée de NVIDIA “, a déclaré Colette Kress. Dans le communiqué de presse, le PDG Jensen Huang a présenté le type de prévision d’opportunités illimitées dans le domaine de l’IA qui a relancé le rallye des grandes technologies. M. Huang a écrit : ” Un trillion de dollars d’infrastructures de données mondiales installées vont passer […] à l’informatique accélérée alors que les entreprises s’efforcent d’appliquer l’IA à chaque produit, service et processus d’entreprise. “
Et cela ne signifie que de bonnes choses pour Nvidia, dont l’analyste Toshiya Hari de Goldman Sachs a déclaré aujourd’hui qu’elle devrait maintenir “son statut de norme industrielle” dans l’espace pour l’avenir prévisible.
Une opportunité pour les USA ?
La grande question est de savoir si les puces seront fabriquées aux États-Unis : Les puces seront-elles fabriquées aux États-Unis ?
En 2022, le président Joe Biden a promulgué la loi bipartisane CHIPS and Science Act, qui incite les entreprises à fabriquer des puces aux États-Unis, en particulier dans le secteur florissant de l’IA. Des entreprises comme Intel ont investi aux États-Unis, cette dernière fabriquant les puces d’IA avancées que Nvidia conçoit et vend.
Mais les sceptiques disent qu’il sera difficile pour les efforts basés aux États-Unis de se développer assez rapidement.
Surévaluée ?
L’avenir du fabricant de puces peut sembler prometteur au vu de ces développements, mais certains analystes s’inquiètent de sa valorisation. Nvidia se négocie à un PER de 218 (c’est-à-dire que la compagnie est évaluée à 218 fois ses résultats) ce qui est totalement inédit, même dans le marché usuellement monstrueusement optimiste de la Tech.
“Nvidia se négocie sur des valorisations héroïques dont le temps nous dira si elles sont justifiées”, déclarait Jim Reid de la Deutsche Bank. Depuis cette déclaration la compagnie a encore gagné 30 % … en 48 heures.
Depuis le début de l’année, les analystes pensent le titre surévalué mais rien ne semble altérer sa marche en avant.
Ici une analyse d’un courtier (dont je tairais le nom pour courtoisie) qui pensait lorsque l’action se traitait à 219 $ que celle-ci était surévaluée de 103,6%. Elle a depuis doublé de valeur …
THE X-FACTOR
Un « compromis »
Après des semaines d’âpres négociations, la Maison Blanche et les Républicains se sont enfin mis d’accord sur le principe d’un relèvement du plafond de la dette américaine afin d’éviter un défaut de paiement.
Même si l’accord doit encore être approuvé par un Congrès américain divisé, il est certain que nous allons encore nous sortir de cette crise à la dernière minute.
Le président Joe Biden qui cherchait un relèvement de la limite de la dette de 31,4 milliards de dollars n’a pas trop crié victoire puisqu’il a qualifié l’accord de “compromis”. Il a en effet dû lâcher aux républicains sur de nombreux points en particulier la promesse de réduire les dépenses dans des domaines chers aux démocrates tels que l’éducation et les programmes sociaux
Le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a lui en revanche déclaré que leurs buts étaient atteints et qu’il avait réussi à obtenir de Biden des réductions historiques des dépenses, en particulier la déduction des intérêts hypothécaires, demandée principalement par les classes moyennes supérieures, est une dépense fiscale importante. Le gouvernement dépense également plusieurs milliards de dollars pour des programmes de nutrition destinés aux pauvres, en particulier le SNAP, anciennement connu sous le nom de “food stamps”.
On le savait, le Trésor américain avait déjà prévenu que le pays serait à court d’argent pour payer ses factures le 5 juin en l’absence d’un accord. Un tel défaut de paiement aurait mis à mal l’économie américaine et aurait perturbé les marchés mondiaux.
Ainsi, comme un éternel serpent de mer, la crise de la dette américaine est revenue encore une fois sur le devant de la scène financière, avec encore une fois ses conséquences préoccupantes.
US debt ceiling: Democrats and Republicans agree deal in principle, Joe Biden says
La dernière fois que la crise fut aussi sévère était en 2011, alors que Joe Biden était alors vice-président et le Congrès avait mené alors d’intenses débats et négociations sur le relèvement du plafond de la dette. Les discussions avaient alors porté sur des désaccords concernant la réduction des dépenses, les programmes de droits et les impôts.
En 2011, pour la première fois, l’impasse se prolonge et le fantôme d’un éventuel défaut de paiement se profile.
Le problème n’a été résolu qu’à quelques jours de l’échéance ultime, ce qui avait alors ébranlé les marchés boursiers et Standard & Poor’s en avait alors profité pour abaisser la note de crédit des États-Unis de AAA à AA+. La dégradation de la cote de crédit avait eu alors pour premier effet d’augmenter la volatilité et l’incertitude sur les marchés.
Cassandre
Et la première à s’inquiéter est en première ligne de défense : il s’agit de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, qui a réitéré cette semaine son avertissement de l’imminente de la crise potentielle.
Le 19 janvier, elle annonce que le pays avait atteint son niveau d’endettement maximal (31,381 milliards de dollars) et qu’elle avait commencé à prendre des astuces comptables telles que le report des investissements dans les fonds de pension pour conserver des liquidités.
Ces mesures extraordinaires, mais devenues routinières, ont permis de reculer de plusieurs mois, ce que l’on appelle la “X-date”. Sa précédente analyse, publiée le 1er mai, avait indiqué que le Trésor pourrait se retrouver à court d’argent et que la “X-date” pourrait se situer en juin.
Pour rappel, la “X-date” est un raccourci pour “extraordinary date”.
Ce terme est généralement utilisé pour qualifier la date à laquelle les États-Unis atteignent leur plafond de la dette (debt ceiling) et représente ainsi le moment où le gouvernement américain n’a plus de ressources ou de liquidités pour répondre à toutes ses obligations financières, y compris les paiements des intérêts de la dette, les salaires des fonctionnaires, les prestations sociales, etc.
Puisqu’à la X-date, le plafond est atteint, le gouvernement se trouve dans une situation où il ne peut plus emprunter de nouveaux fonds sur les marchés financiers, et il dépend alors des rentrées fiscales en cours pour financer ses dépenses.
Dans sa nouvelle lettre du 15 mai, elle indique que le Trésor ne sera probablement plus en mesure d’honorer toutes les obligations du gouvernement si le Congrès n’a pas agi pour relever ou suspendre la limite de la dette dès le 1er juin.
Selon elle, les Etats-Unis ont déjà commencé à subir les conséquences de la crise du plafond de la dette car le gouvernement américain se retrouve déjà contraint d’emprunter plus cher : lundi, le taux d’intérêt des bons du Trésor à un mois qui était de 3,29% à la mi-avril, est ainsi monté à 5,75%, au plus haut depuis vingt ans.
Rajouté à ce renchérissement de la dette, elle ajoute que trop d’entreprises doivent passer du temps à se préparer à l’hypothèse d’un défaut du pays sur sa dette, et que trop de ménages doivent se préoccuper de savoir s’ils vont s’en sortir sans l’argent des subventions du gouvernement.
Janet Yellen a aussi déclaré que le défaut de paiement des États-Unis déclencherait une récession économique non seulement américaine mais bien mondiale
Le Liquidity Management du Trésor
Car il faut bien se souvenir que le Trésor a pour mission de gérer les flux de trésorerie du gouvernement et surveille ainsi son solde de trésorerie disponible.
Il a donc recours aux techniques de Liquidity Management usuelles, c’est-à-dire des emprunts à court terme pour couvrir les déficits temporaires de trésorerie et maintenir la liquidité opérationnelle.
Dans certains cas, le Trésor met en œuvre des mesures extraordinaires, comme la suspension de certains investissements ou le recours à des manœuvres comptables, afin d’accroître la capacité du gouvernement à poursuivre le financement de ses activités lorsque le plafond de la dette est atteint.
La durée pendant laquelle ces mesures peuvent soutenir les opérations du gouvernement peut varier en fonction de plusieurs facteurs, notamment les circonstances spécifiques, les recettes et les dépenses.
La Buffer Period
En fin de compte, la buffer period (désolé pour tous ces anglicismes !) ou le temps où le gouvernement possède la capacité à maintenir le fonctionnement du gouvernement sans emprunts supplémentaires ou actions du Congrès dépend du solde de trésorerie disponible, des recettes entrantes et des obligations sortantes.
Cette buffer period qui mesure le moment où le gouvernement américain se retrouve à court d’argent est donc aujourd’hui non plus de quelques semaines mais bien à seulement quelques jours.
Ce raccourcissement de la buffer period est importante car si le Trésor dispose de suffisamment de liquidités pour dépasser le 15 juin, date à laquelle une importante tranche de recettes provenant de l’impôt sur les sociétés est attendue, il pourrait disposer de quelques semaines supplémentaires pour régler ses factures.
La pression sur le POTUS
Les dernières prévisions de Mme Yellen maintiennent la pression sur le président Biden et le Congrès pour qu’ils trouvent un accord sur la manière de relever le plafond de la dette avant que n’arrive la « X-date »
Sans augmentation du « debt ceiling » par le Congrès, le gouvernement se retrouve alors dans l’incapacité de rembourser intégralement ses obligations financières, ce qui pourrait entraîner un défaut de paiement.
Pour faire face à la X-date, le Département du Trésor des États-Unis peut prendre des mesures extraordinaires pour retarder les échéances des paiements et préserver les liquidités. Ces mesures peuvent inclure la suspension de certains investissements, le déplacement de fonds entre les comptes gouvernementaux, ou le report de certains paiements. Cependant, ces actions ne sont que temporaires et ne résolvent pas le problème à long terme. La seule solution permanente est une augmentation du plafond de la dette par le Congrès afin de permettre au gouvernement de continuer à emprunter et à honorer ses obligations financières.
C’est grave Docteur ?
Le président Joe Biden a déclaré ce vendredi (comme tous les vendredis depuis 6 semaines !) que les négociations sur le plafond de la dette progressaient et que les discussions entre la Maison Blanche et le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, reprendraient mardi.
Mais il ne reste plus que quatre jours de session à la Chambre et au Sénat avant le 1er juin, date à laquelle la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a prévenu que le gouvernement américain pourrait se retrouver à court d’argent.
Si le Congrès ne prend pas rapidement des mesures pour relever ou suspendre la limite d’emprunt qu’il s’est lui-même imposée, le pays pourrait bientôt se trouver dans l’incapacité de payer ses factures.
D’abord et avant tout cela aurait de graves répercussions sur les petites et moyennes entreprises.
En effet, un grand nombre de sociétés attendent toujours que leur crédit d’impôt mis en place pour encourager les employeurs à garder leurs employés pendant les périodes difficiles leur soit versé. Ces allocations ont souvent été une véritable bouée de sauvetage pour les petites et moyennes entreprises, souvent à hauteur de centaines de milliers de dollars.
Le service des impôts a accumulé un retard considérable : plus d’un million de dossiers attendent encore d’être traités. Si les États-Unis n’ont pas les moyens d’effectuer ces paiements et que de nouveaux retards surviennent, cela signifie que les entreprises ne pourront pas embaucher, ni même garder leurs portes ouvertes.
De plus, l’accès au crédit pourrait devenir plus difficile, ce qui aggraverait encore les difficultés auxquelles les particuliers et les entreprises font face depuis la crise bancaire de mars dernier.
Nous assisterons alors à un assèchement total du crédit pour les petites et moyennes entreprises, qui ont de plus en plus de mal à obtenir des prêts.
Après l’inflation, la récession ?
Mercredi soir, lors d’une réunion publique organisée par CNN, M. Trump a déclaré qu’un défaut de paiement serait préférable à un accord qui n’empêcherait pas le gouvernement de dépenser de l’argent comme des marins ivres (« spending money like drunken sailors » dans le texte de l’ancien président qui voulait peut être citer là son idole Ronald Reagan)
Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a vivement critiqué Donald Trump le lendemain de sa déclaration, affirmant que le candidat à la présidentielle de 2024 ne comprend pas grand-chose ni au plafond de la dette ni à ce qui est en jeu.
La question demeure encore et toujours de savoir qui pourra débloquer la situation. Et surtout si les dirigeants de banques et les membres de la communauté des affaires peuvent faire pression sur le Congrès et la Maison Blanche pour qu’ils parviennent à un accord.
Car les économistes et les chefs de file du Congrès affirment d’une même voix qu’un défaut de paiement prolongé nuirait à l’économie américaine, provoquant un chômage généralisé, une hausse des taux d’intérêt et une récession mondiale.
Un défaut de paiement de la dette américaine serait “potentiellement catastrophique”, a déclaré Dimon jeudi. Il a ainsi déclaré à Bloomberg qu’il se réunissait une fois par semaine dans une “salle de crise” afin de préparer JPMorgan Chase, la plus grande banque des États-Unis, à l’éventualité d’un défaut de paiement. Depuis le 21 mai, ils se réunissent tous les jours.
“Plus on s’en rapproche, plus la panique s’installe. Les marchés deviendront volatils, peut-être que le marché boursier baissera, les marchés du Trésor auront leurs propres problèmes”, a-t-il déclaré.
Dimon a également fait part de ses inquiétudes quant à la possibilité d’une révision à la baisse du rating des États-Unis, comme ce fut le cas en 2011.
“Nous devons de plus mettre fin à la crise bancaire”, a-t-il déclaré. “Nous avons eu une politique incertaine en matière de fusions, a-t-il ajouté, et je pense que nous devons supposer qu’il y en aura encore un peu plus.
Mais c’est sur les ménages que la crise du plafond de la dette pourrait avoir des conséquences désastreuses.
En effet, il est clair qu’un défaut de paiement entraînerait une forte hausse des coûts d’emprunt, notamment des taux des cartes de crédit, des prêts automobiles et des prêts hypothécaires, qui, on le rappelle, sont la plupart du temps aux USA, puisque la dette américaine sert de référence essentielle pour toutes ces formes de crédit.
Les enseignements de la faillite de First Republic
Plus tu peux payer, moins tu payes.
Quand dans les années 1980, Jim Herbert fonde First Republic, il va se concentrer sur un produit et un secteur du marché jusque-là assez peu couverts : les Jumbo Mortgages.
Ces prêts s’adressent aux personnes à hauts revenus de la Silicon Valley qui demandaient des prêts de montant étonnamment élevé pour acheter des propriétés de luxe dans un marché qui voyait les prix de l’immobilier s’envoler sur les deux côtes des états unis, avec le début de la bulle internet.
First Republic s’est donc fait connaître pour ses prêts hypothécaires à taux d’intérêt fixes, une curiosité dans un pays qui préconise les taux variables des ARM (Adjustable Rate Mortgages).
Et les clients disposant de credit scores exceptionnels, ces jumbo mortgages furent accordés à des taux très bas et en règle générale, assortis d’une période « interest-only » où les emprunteurs ne devaient pas commencer à rembourser le principal avant dix ans.
Ces Jumbo Mortgages ont ainsi constitué le principal pilier du modèle commercial de First Republic pendant des décennies. Le succès ne s’est pas fait attendre puisque dans un contexte actions très haussier, les emprunteurs recherchaient des prêts qui leur permettraient de conserver l’essentiel de leur fonds disponibles pour des investissements supposément plus rentables.
La banque a ainsi accordé des prêts à des taux très bas à des clients fortunés, dont John Waldron, président de Goldman Sachs (encore eux …) ou Todd Moscowitz, PDG de Warner Bros. Ces derniers ont ainsi tous deux acheté des propriétés de plusieurs millions de dollars à New York, sans avoir à rembourser de capital avant une période de grâce de 10 ans.
Cette ruée a permis à First Republic de faire exploser le montant de ses actifs.
Elle a également contribué à son effondrement.
Encore une fois les soucis se situent au centre du bilan de First Republic où l’on trouve un petit tracas de 150 milliards de dollars que constituait le gigantesque portefeuille de prêts hypothécaires à taux fixe et faible taux d’intérêt. Portefeuille dont la valeur a fondu depuis le relèvement agressif des taux d’intérêt par la FED.
En effet, ces prêts étaient devenus une charge énorme lorsque la FED a commencé à relever agressivement les taux d’intérêt en 2022 et la banque a vu ses mortgages perdre de la valeur d’une manière plus importante qu’anticipée.
Au début de l’année 2023, First Republic a ainsi déclaré que ses mortgages subissaient un dépréciation d’environ 19 milliards de dollars (dépréciation non inscrite au bilan dans la comptabilité américaine).
Les analystes se sont rapidement rendu compte qu’en cas de revalorisation de son portefeuille à la fair value, ces pertes non réalisées réduiraient à néant les 13 milliards de dollars de fonds propres de la société. Les analystes ont commencé à spéculer sur le fait que même à zéro, personne ne serait intéressé.
Le retour de la vengeance du Risque Systémique
Se sont-ils réveillés tôt ou n’ont pas dormi de la nuit ?
Toujours est-il que le lundi 1 mai, à 4h30 du matin, JP Morgan a accepté de racheter First Republic à la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC), qui avait saisi la banque après une période agitée au cours de laquelle ses actions s’étaient effondrées et les déposants avaient retiré près de la moitié de leur argent.
Toute transaction annoncée un lundi matin à 4 h 30 est clairement conçue pour éviter le désordre potentiel. Car cette opération constitue la deuxième faillite bancaire la plus importante jamais enregistrée aux États-Unis et la troisième pour la seule année 2023.
La crise bancaire américaine du mois de mars revient sur le devant de la scène après une relative accalmie dans les semaines qui ont suivi les faillites de la Silicon Valley Bank (SVB) et de la Signature Bank et pose une grande question (pour l’instant sans réponse) : Existe-t-il ou non une crise bancaire systémique ?
Les marchés financiers ont accueilli de manière mitigée le rachat de First Republic et semble considérer que la résolution n’est pas un signe de la fin de la panique bancaire, mais plutôt comme une raison de continuer à flairer d’autres points faibles du système, même s’ils sont peut-être moins importants. La FED a de ce fait dû augmenter dramatiquement le niveau de leur prêt aux banques à un niveau jamais vu depuis 2008.
Malgré cela, les actions des banques régionales ont continué à s’écrouler : les grandes banques régionales telles que Citizens Financial et PNC – qui étaient toutes deux sur les rangs pour racheter First Republic – ont chuté de plus de 6 %, ce qui laisse supposer que les investisseurs ont été déçus que ces établissements n’aient pas été autorisés à dévorer les morceaux de la carcasse de First Republic.
Pendant ce temps, le cours des actions de JPMorgan, Wells Fargo ou Citigroup continue à augmenter fortement, ce qui indique que les investisseurs continuent à faire la distinction entre les plus grandes banques – perçues comme ayant un soutien implicite du gouvernement et se nourrissant de la crise actuelle – et toutes les autres.
Car plusieurs petites banques ont vu leurs cours de bourse chahutés à la suite de la faillite de First Republic. La Valley National Bank a ainsi vu ses actions chuter de 20 % après la faillite de First Republic soit sa pire chute journalière jamais enregistrée. La banque PacWest Bancorp a chuté de près de 11 %. Le prêteur immobilier HomeStreet Inc. a quant à lui, lui chuté de 18 %. Dans ce contexte mortifère, il est important de noter le timing particulièrement impressionnant de BNP Paribas qui a quitté le marché des banques régionales américaines juste avant son effondrement.
Propriétaire depuis quarante ans de la banque californienne Bank of the West, le groupe décide le 20 décembre 2021, alors que les valorisations du secteur sont au plus haut, d’accepter une proposition de rachat de Bank of Montreal pour plus de 16 milliards de dollars.
La banque finalise le 1er février la vente, seulement cinq semaines avant la tempête déclenchée par la faillite de Silicon Valley Bank, et dégage ainsi une plus-value de cession de 2,95 milliards d’euros ce qui a permis dans un secteur bancaire ébranlé par trois faillites en 1 mois de renforcer sa solvabilité financière.
Il faut toujours écouter le marché
En regardant le prix des obligations First Republic, il semblerait que les traders des marchés obligataires avaient la forte intuition que la banque ferait faillite bien avant que les problèmes n’apparaissent.
En effet, avant la faillite de la Silicon Valley Bank le 10 mars, l’obligation s’échangeait normalement, son prix diminuant régulièrement à mesure que les taux d’intérêt augmentaient, mais sans forte augmentation de son spread de crédit. En résumé, le prix de l’obligation ne baissait qu’à cause de son risque de taux et non à cause de son risque de crédit.
Puis il y a eu un plongeon soudain dû à la crainte que First Republic ne soit la prochaine à tomber.
Le 21 avril, l’obligation se négociait à environ 50% de sa valeur nominale, ce qui correspondait à un taux supérieur à celui du marché de 6,5%, ce qui amenait sa probabilité de défaut au-dessus de 10%.
Une semaine plus tard, elle ne valait plus que 15 cents. Aujourd’hui, elle n’a pratiquement plus aucune valeur.
JP Morgan l’éternel sauveur
JP Morgan prend ainsi en charge la totalité des 92 milliards de dollars de dépôts de First Republic, même ceux qui n’étaient pas assurés, garantissant tous les dépôts. La FDIC n’a même pas eu besoin d’invoquer l’exception relative au risque systémique pour les assurer, comme elle l’a fait pour la Silicon Valley Bank et la Signature Bank.
En raison d’un changement de contrôle, JP Morgan devra évaluer le portefeuille de prêts de First Republic à la valeur du marché, donc très inférieure à la valeur comptable, réalisant ainsi des pertes sur ces prêts.
Ces pertes seront partagées avec la FDIC, pour un coût d’environ 13 milliards de dollars pour le fonds d’assurance, une paille en comparaison avec les 30 milliards de dollars attendus par le marché.
En vendant First Republic à JP Morgan, le gouvernement américain signale que la crise bancaire a pris le pas sur ces préoccupations.
JP Morgan possède maintenant environ 173 milliards de dollars de prêts de First Republic, 30 milliards de dollars de titres et 92 milliards de dollars de dépôts.
JPMorgan Chase a désormais joué le rôle de sauveur dans deux des trois plus grandes faillites bancaires de l’histoire des États-Unis – Washington Mutual et First Republic Bank.
Mais, même si les conditions de reprise sont totalement à 15 ans d’intervalle, elles offrent toutes deux des extensions intéressantes pour JPMorgan.
Jamie Dimon, CEO de JPM, avait depuis longtemps lorgné sur Washington Mutual et son importante présence sur la côte ouest avant l’effondrement de la banque en 2008, lorsque 9 % de ses dépôts se sont envolés en 10 jours, dans le contexte de l’implosion de la crise des subprimes.
L’ajout des succursales de Washington Mutual avait permis à JPMorgan de devenir la plus grande banque du pays en termes d’actifs.
Aujourd’hui, avec First Republic, JP Morgan gagne environ 150 conseillers financiers à une époque où les activités de gestion de patrimoine fournissent des revenus prévisibles aux banques dans un contexte de réduction des transactions et de l’activité commerciale. Damon le dit très bien en affirmant que JPM “is basically getting a very clean bank”.
La Chute de Vice et le problème avec le Private Equity (Adaptation d’un article du FT de Mai 2023 que je trouve édifiant)
Lorsque des investisseurs privés ont investi près d’un demi-milliard de dollars dans Vice Media en 2017, le cofondateur Shane Smith a laissé entendre que les liquidités aideraient son entreprise de médias numériques à obtenir une cotation en bourse qui “serait très sexy”.
S’exprimant lors d’un festival de la publicité à Cannes, avec des lunettes de soleil et la Côte d’Azur derrière lui, le dirigeant de médias fanfaron a plaisanté avec les journalistes en disant qu’il “arrondissait” l’évaluation de Vice de 5,7 milliards de dollars à 6 milliards de dollars “parce que c’est plus facile à dire”.
Pendant des années, Vice a été largement considéré comme l’avenir des médias. L’injection de fonds par le groupe de capital-investissement TPG devait propulser l’entreprise vers une introduction en bourse spectaculaire ou une vente de plusieurs milliards de dollars.
Au lieu de cela, c’est le contraire qui s’est produit. Après une série de résultats décevants, des années de gestion chaotique, des projets risqués et une crise de liquidités, Vice a déposé son bilan. La mise de 450 millions de dollars de TPG a été réduite à néant. L’évaluation globale de Vice est inférieure à 300 millions de dollars.
La disparition de Vice est le point culminant d’une époque où les médias traditionnels et les investisseurs ont investi des milliards dans des start-ups d’information en ligne telles que BuzzFeed, Vox Media et Group Nine, dans l’espoir de capter les utilisateurs du millénaire et l’argent de la publicité.
La chute, c’est aussi l’histoire d’une collision entre Wall Street et une industrie créative qui abritait de grandes personnalités et des egos démesurés. Dans quelques mois, la société qui s’était fait une réputation d’audace et d’irrévérence en publiant des articles tels que “Voici tout ce que vous devez savoir sur la kétamine” et “Vingt heures dans un club de strip-tease new-yorkais” sera détenue par des prêteurs de Wall Street.
Cela soulève des questions sur les tactiques des sociétés de capital-investissement qui, ces dernières années, ont acquis la réputation d’être la malédiction des médias américains, en vidant les journaux de leur substance pour réaliser des profits à court terme.
Certains investisseurs et anciens cadres de Vice, dont l’actionnaire James Murdoch, fils du président de Fox Corporation Rupert Murdoch, accusent TPG d’être à l’origine de la disparition de Vice.
Parmi les perdants de la faillite de Vice figurent des titans des médias et de la finance – les Murdoch, Bob Iger de Disney, Sir Martin Sorrell et d’autres – dont les entreprises ou anciennes entreprises ont investi ensemble environ 1,5 milliard de dollars dans Vice au fil des ans, et ont perdu la quasi-totalité de cet argent.
Ces pertes révèlent à quel point un bon argumentaire de vente peut impressionner même les géants les plus expérimentés du monde des affaires, en particulier à l’époque de l'”argent gratuit” des années 2010, lorsque les investisseurs cherchaient des endroits où placer leur argent.
L’argent a permis à Vice de passer du statut de perturbateur à celui de porte-drapeau de l’avenir des médias numériques. Mais ces investissements sont assortis de conditions destinées à protéger les intérêts de l’investisseur.
L’argent de TPG et de Sixth Street a été investi sous la forme d’actions privilégiées plutôt que d’actions ordinaires. Ces actions privilégiées donnaient droit à un dividende de 12 % sous la forme d’actions supplémentaires et de dettes de second rang plutôt qu’en espèces, et comportaient d’autres droits de paiement prioritaire qui ont contribué à une “structure de capital complexe et restrictive”, selon les documents déposés lors de la faillite. Cet investissement a toutefois permis à Vice de contracter des prêts de premier rang plus prioritaires dans les années à venir.
Ce ne sont pas les petits caractères de l’accord, mais plutôt l’évaluation stupéfiante de Vice à 5,7 milliards de dollars qui a fait les gros titres. TPG avait estimé la valeur de Vice à plus du double de la valeur de marché du New York Times à l’époque, et à plus de 22 fois le prix payé par Jeff Bezos pour le Washington Post en 2013.
Une personne proche des finances de l’entreprise note que si l’investissement en actions privilégiées de TPG évaluait Vice à un total de 5,7 milliards de dollars, ce chiffre était en grande partie inventé à des fins de marketing.
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